Je fais beaucoup l'apologie de Mac OS X, et des produits open source. Mais il y a une contradiction dans cela...
Je dis beaucoup de bien de Mac OS X. Et c'est mérité, car il associe des technologies robustes et éprouvées à une ergonomie remarquable. Ce n'est pas parfait, mais c'en est pas très loin. Avec Windows, il y a toujours un truc qui devrait marcher d'une certaine façon, ou même des fois marcher tout court, mais qui ne marche pas. C'est frustrant, parce que c'est comme une promesse qui n'est pas tenue. Avec Mac OS X, il y a aussi des choses qu'on ne peut pas faire. Parfois des choses possibles avec Windows. Mais au moins, ces fonctions sont documentées comme n'ayant pas certaines capacités (par exemple, le Finder peut se connecter à des serveurs FTP en lecture, mais pas en écriture, et la documentation du système le dit clairement). C'est aussi frustrant, mais au moins, on nous a prévenu. 🙂 C'est une mauvaise comparaison, et très biaisée. Et ce n'est pas le point de cette entrée. 🙂
Non, le point, c'est l'open source. Le point de l'open source, c'est être free. Pas gratuit, mais libre. La différence entre le gratuit et le libre, c'est que le gratuit peut être fermé, c'est-à-dire qu'on ignore le fonctionnement, et qu'il peut être interdit de chercher à comprendre le fonctionnement et de le réutiliser. Mais le gratuit ne coûte rien. Le libre, on a accès au fonctionnement, et on peut réutiliser la logique dans d'autres choses. Mais on peut vendre du libre. Le libre n'est pas forcément gratuit. Le plus fort, c'est qu'on peut mixer ça comme on veut. 🙂
Windows, c'est fermé et payant. Linux, c'est ouvert et gratuit et payant. Mac OS X, c'est ouvert et fermé et payant. FreeBSD, c'est ouvert et gratuit.
Windows, c'est un produit commercial (cher), dont le code source n'est disponible qu'aux gens qui paient cher, et encore, si Microsoft le veut bien. Et le code ainsi acheté ne peut être réutilisé. C'est du read only. Linux, c'est pas un produit commercial en soi, mais les diverses distributions le sont. Presque tous les éditeurs de distributions Linux ont des packages payants de Linux. Certains restent gratuits. Le code source de Linux (donc le noyau) et des programmes composant la distribution est gratuit (et biensûr compris dans le package payant). On peut réutiliser le code dans ses propres produits, mais on doit redonner les sources de la même manière. Mac OS X, c'est un produit commercial. Son prix est assez élevé (150 €) pour rester à jour (environ une version majeure payante par an). Le code de la base Unix du système (assez quelconque) est gratuit et libre. Le code de l'interface graphique et des utilitaires graphiques de Mac OS X (le plus intéressant) sont propriétaires. FreeBSD, c'est gratuit. Les sources complètes sont disponibles, modifiables, et on n'a pas d'obligation de rendre public les modifications qu'on y apporte.
L'idéal serait donc le modèle BSD. Il est gratuit, ce qui arrange mes finances, et rien ne m'oblige à rendre les sources de mes éventuelles créations publiques. Je peux même vendre mes logiciels basés sur code BSD sans rien devoir à personne. En plus, les systèmes BSD sont stables et fiables.
Mais FreeBSD a une interface graphique de merde. Peu importe qu'il s'agisse de KDE ou de Gnome, ou d'autres, ce sont tous des copies obsolètes de Windows ou de Mac OS. En plus, contrairement aux Linuxes, FreeBSD offre un environnement X11 de base, sans thèmes retravaillés, ni petits outils spécifiques à FreeBSD. Néanmoins, c'est plus rapide que sous Linux (j'ai eu un sablier en affichant un répertoire dans un explorateur de fichiers sous KDE sous Linux sur un PowerEdge 2400 avec des disques SCSI en RAID5...).
Les développeurs des interfaces propriétaires (Microsoft, Apple) investissent de grosses sommes dans la recherche pour optimiser l'ergonomie de l'interface utilisateur. Ils font des études pour savoir ce qui devrait être ajouté, retiré, modifié.
Les développeurs open source le reconnaissent eux-mêmes. Ils codent pour les développeurs. Les développeurs n'ont pas besoin d'ergomonie. Ils ont besoin d'efficacité. Les interfaces graphiques s'appuyant sur X11 sont efficaces, mais pas ergonomiques. Les développeurs de ces interfaces se préoccupent moins de l'ergonomie que de l'efficacité.
Je pense personnellement que ces interfaces ne sont pas pratiques. C'est peut-être une question d'habitude. Mais je me suis fait à l'interface de Mac OS X, qui est pourtant sensiblement différent de celle de Windows. Et je trouve l'interface de Mac OS X très ergonomique. Celle de Windows XP n'est pas mal non plus.
L'anné dernière, quand je suis allé aux JRES 2003, des gens m'ont demandé pourquoi je n'installais pas un Linux sur mon PowerBook. Je leur avais répondu que j'en voyais pas l'utilité, parce qu'étant basé sur FreeBSD, Mac OS X avait déjà les outils Unix dont je me servais. Mais je réalise maintenant que la question ne portait pas sur l'utilisation, mais l'esprit. La question portait plus sur l'utilisation du libre que des fonctionnalités du système.
Un système libre, tout le monde peut y exprimer son opinion. Et les développeurs du système prennent en compte les avis de la communauté gravitant autour du système. Ils ne peuvent pas du jour au lendemain remettre en cause des points clés du système causant des dysfonctionnements des logiciels. Ou s'ils le font, les gens mécontents du changement peuvent modifier à nouveau le code pour éliminer les problèmes.
Un système fermé, c'est différent. L'éditeur est maître de son système. S'il veut tout changer un beau matin, il peut le faire. Et les utilisateurs du système doivent s'adapter ou changer de système. Les utilisateurs n'y peuvent pas grand-chose s'ils sont mécontents de cette décision.
Mac OS X est développé par Apple. C'est un produit commercial, dont la majeure partie est fermée. S'ils changent tout demain, je n'aurais pas d'autre choix que de les suivre, racheter les logiciels, et tout et tout, si je veux continuer à utiliser mon PowerBook. Et Apple a déjà fait ça avec Mac OS X. Ils ont tranché les liens avec Mac OS 9, et ont abandonné les logiciels et les technologies liées à ce système.
Je conseille un Mac et Mac OS X à chaque fois que je peux. Parce que j'aime ce système. Parce que je veux m'éloigner de Windows qui pose de plus en plus de problèmes (activation, virus, vers, incompatibilités dûs au SP2...). Mais en choisissant le Mac, je choisis un autre système fermé. En même temps, je ne me sens pas prêt à adopter le tout libre. J'ai besoin du confort que m'apporte le propriétaire. Du moins pour le bureau de travail. Pour le back office, j'ai déjà fait mon choix, c'est du tout libre. FreeBSD, Bind, Apache, Zope, Plone, Postfix, ProFTPD, OpenSSH, et tant d'autres sont des logiciels gratuits et libres, qui font marcher mon serveur. J'avais pensé un moment à utiliser Windows Server 2003, mais le coût d'une telle solution pour un particulier est prohibitif, et l'idée de faire tourner mon serveur avec des logiciels piratés ne me plaisait pas tant que ça... 🙂
Au final, je suis au milieu. J'utilise l'open source et le propriétaire sans discrimination. J'espère pouvoir passer au libre complet, un jour. Mais je crains que ça ne soit pas de si tôt...